UN MYTHE CAPRICORNE… JANUS COMME JANVIER
(06 - MYTHES, LEGENDES, TRADITIONS ET SYMBOLISME) par sylvietribut le 09-01-2013
Vers la fin du IIIe millénaire avant Jésus-Christ, des peuplades venues du Nord ou de l’Est ont envahi une grande partie du continent européen. Ce sont eux les fameux peuples « indo-européens ». Ils partageaient une vision tripartite du monde, comme on le trouve en Inde avec les gunas : Satvas, Rajas et Tamas, recouvrant à peu près les mêmes fonctions. Les premiers sont les brahmanes, les seconds sont les guerriers et les troisièmes, les marchands. Tout est lu à travers une classification liée à Mars, Jupiter et… Quirinus.
La première fonction renvoie, dans la hiérarchie, à la loi, à la souveraineté magique et juridique qui fait évidemment penser à Jupiter ; la seconde parle de force physique, d’activité guerrière, sous la protection de Mars ; et la troisième est la « richesse tranquille et féconde », celle de Quirinus. On est tenté d’associer la fonction de Quirinus, superposé à Janus, à l’arrivée de Saturne dans le Latium. N’est-ce pas lui qui apporte l’abondance, la richesse, l’agriculture, l’Age d’or, ou les trouve-t-il là où il est accueilli ? Ou bien encore, y a-t-il superposition des deux personnages, Saturne et Janus au double visage ?
Janus au double visage – Musée du Vatican
Janus est associé à la paix, à la tranquillité, à l’abondance. Mais Saturne est également considéré comme le dieu de la paix. L’agriculture est également liée à Saturne sous sa forme d’Ops. Janus est, quant à lui, le dieu des grains, alors que Saturne était celui des semences. Voilà une analogie de plus. Si on songe que janvier vient directement de Janus et que janvier est aussi le mois du Capricorne, gouverné par Saturne, la tentation est forte de les rapprocher.
Par ailleurs, selon l’exigence de la reine Medb des Celtes, « tout candidat à la royauté suprême d’Irlande devait être un homme « sans jalousie, sans peur, sans avarice », magnanime dans son pouvoir, brave au combat, généreux de son bien… Nous tenons la preuve que les druides eux aussi avait reconnu dans les âmes la même architecture que dans les royaumes ». Ainsi, nous retrouvons bien les vertus exigées des trois dieux : magnanimité de Jupiter dans son pouvoir, bravoure de Mars au combat, générosité de Janus, ou de Saturne, lui qu’on taxe si facilement d’avarice.
Mais qui est donc Janus-Quirinus ? Il pourrait s’agir soit d’un « Romulus divinisé », soit d’un dieu sabin introduit par Titus Tatius avec d’autres divinités de troisième fonction, liée à la masse, à la plèbe, éloignée de la guerre, associée à l’abondance et à la richesse. Cette abondance, ne nous en parle-t-on pas déjà à propos de Saturne exilé et reçu par Janus-Quirinus dans ses terres ?
Janus le gardien des portes détenteur des clefs
Janus était l’un des plus anciens dieux romains, fêté le premier jour du premier mois. Janus était le dieu des commencements. C’était le gardien des portes. Son nom vient en effet de « janua » qui signifie « porte ». Ses temples avaient d’ailleurs deux entrées, parfois quatre, fermées en temps de paix, mais ouvertes en temps de guerre, c’est-à-dire très souvent. Sous l’appellation de Quirinus, il était le détenteur des clefs, de la baguette du porteur, ouvrant et fermant les portes de l’année. Peut-être donc était-il lui aussi associé à l’écoulement du temps, un temps réglé avec rigueur… des Saturnales ne passe-t-on pas au jour de l’an…
De même Janus gouvernait les calendes de tous les mois de l’année, « douze autels correspondant aux douze mois lui étaient consacrés ». Dans cette activité, il était associé à Junon. Les deux divinités participaient conjointement à la transmission d’un mois à l’autre. En d’autres termes, à l’heureuse naissance de la Nouvelle Lune.
Janus était représenté tenant de la main gauche une clef et, de la main droite, une verge, pour mieux marquer qu’il était le gardien des portes et qu’il présidait aux chemins. Sur ses statues souvent on remarque sur la main droite le nombre 300 et sur la gauche, celui de 65, pour exprimer la mesure de l’année. C’est lui qu’on invoqué le premier lorsqu’on faisait un sacrifice à quelque autre dieu.
C’est Ovide qui nous parle de Janus au double visage, peut-être parce qu’il exerçait son pouvoir sur le ciel, sur la mer, comme sur la terre. Il était aussi ancien que le monde. Tout s’ouvrait ou se fermait selon sa volonté. Lui seul gouvernait la vaste étendue de l’univers. Il présidait aux portes du ciel et les gardait de concert avec les heures. Il observait en même temps l’Orient et l’Occident. Macrobe quant à lui soutient que Janus était supérieur à tous les autres dieux et l’appelait : « deus deorum » qu’on peut traduire par « dieu des dieux ». Sur le revers de ses médailles figurait d’ailleurs un navire, ou parfois, plus simplement, une proue, en mémoire de l’arrivée de Saturne en Italie sur un vaisseau.
Il existait plusieurs temples de Janus à Rome : les uns dédiés à Janus Bifrons et les autres à Janus Quadrifrons. Au-delà de la porte du Janicule, en dehors des murs de Rome, on avait élevé douze autels à Janus, un pour chaque mois de l’année. On affirme d’ailleurs que Janus bâtit une ville qu’il appela de son nom, à savoir Janicule.
Gianicolo le balcon de Rome
Le Janicule, « Ianiculum » en latin et « Gianicolo » en italien, est situé sur la rive droite du Tibre, au sud de la cité du Vatican. Il est considéré comme la huitième colline de Rome. On appelle Rome la ville des sept collines. Il faut dire que sa hauteur maximale est de 146 mètres. Le nom de la colline proviendrait, selon la tradition du dieu Janus, qui aurait fondé en ce lieu un centre habité. Le culte de ce dieu romain était bien présent sur cette colline. Dans la réalité, la relation entre cette divinité et le lieu semble seulement marquée par l’existence d’un « sacellum » dédié au fils Fons ou Fontus. Par contre, était bien présente un petit centre habité « Pagus Ianiculensis » situé aux pieds de la colline dans les zones de Trastevere, aujourd’hui correspondant à la place Mastai.
Temple de Janus à Autun – Saône-et-Loire
En France, c’est à Autun, en Saône-et-Loire que l’on trouve un temple de Janus d’époque gallo-romaine dans le meilleur état de conservation possible. Cependant, on doute que ce temple ait vraiment été dédié à ce dieu précisément.
Quant aux « Janides », c’étaient des devins romains, descendants du dieu au double visage et qui prédisaient à travers les peaux des victimes sacrifiées… Une histoire de peau bien en rapport avec le monde de Saturne… mais aussi de divination…
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