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samedi 22 juin 2013

L’astrologie entre délires synchroniques et diachroniques.


L’astrologie entre délires synchroniques et diachroniques
Par Jacques Halbronn
Il y a actuellement une campagne très intéressante (cf. Astroemail) contre les combinatoires entre planètes. Combiner deux astres de même nature serait une aberration. Cela remet en question une grande partie de l’astrologie depuis des siècles et notamment depuis Albumasar avec ses conjonctions Jupiter-Saturne, voilà plus de 1000 ans. Cela fait belle lurette que, pour notre part, nous avons engagé ce combat en préconisant d’associer planètes et étoiles et non planètes entre elles. Et nous nous en tenons au ciel que les Anciens connaissaient, ce qui signifie que nous n’allons pas nous intéresser à des astres inconnus il y a encore trois siècles (cf. Galilée et ses observations concernant Jupiter et les astres Médicis), comme les satellites des planètes.
De plus en plus il convient que les astrologues prennent conscience que l’on fait avec ce que l’on a. D’une part, l’astrologie est née dans un certain contexte politique et scientifique dont on ne saurait l’abstraire au nom de quelque « modernité » sans basculer dans l’anachronisme et d’autre part, l’on sait que les applications qui se font d’une certaine grille n’ont qu’une valeur très relative. On prend toujours la moins mauvaise solution par rapport aux choix dont on dispose tout comme l’on recrute des gens sur la base des candidats qui se présentent. Les absents ont toujours tort et il est bien difficile de prendre conscience d’un manque.
Entendons par là que tout astrologue travaille avec ce qu’il a appris à connaitre. S’il ne connait pas les étoiles fixes, il s’en passera et fera « au mieux » avec la « main » qu’il a reçue (comme au bridge). Toute conclusion est donc fonction de notre information et c’est pourquoi aucun résultat ne saurait être définitif. Quand, il y a 40 ans, nous ne nous intéressions pas aux étoiles fixes royales en astrologie mondiale, nous n’avions d’autre choix que de nous contenter des données qui étaient à notre disposition au regard de la théorie astrologique dominante dans les années soixante du siècle dernier. En 2013, le chercheur en astrologie dispose d’autres données et il ne saurait les ignorer puisque à présent à peu près tout le monde aura compris que les planètes et les étoiles se complètent et que la chronologie liée aux étoiles ne recoupe pas celle du passage d’un signe à un autre ou tel aspect entre deux planètes. On est dans des temporalités concurrentes et que la meilleure gagne !
Cependant, si nous apprécions les tentatives pour dénoncer les relations contre nature entre plantés – toute dualité devant correspondre à deux plans bien différents sur le plan astronomique et il ne suffit pas que deux planètes portent des noms différents pour créer on ne sait quelle dualité fictive. On peut d’ailleurs penser que cette façon de baptiser diversement les planètes aura créé une fausse impression de différences. D’ailleurs, tout astrologue est persuadé que chaque planète est une entité à part, ce qui le met en porte à faux avec l’astronomie qui les englobe dans un seul et même ensemble. Les tentatives d’un Jean-Pierre Nicola pour différencier les planètes les unes des autres (système RET) ne se comprennent que par l’omission des étoiles, l’impasse sur le plan stellaire. On a des astrologues qui n’acceptent pas que l’on distingue les hommes et les femmes et qui ne voient aucun problème à distinguer des planètes entre elles !
Cela dit, si le respect d’une certaine réalité objective – à savoir ne pas inventer des différences qui n’existent pas - est une bonne chose, il ne faudrait pas, pour autant, basculer dans l’anachronisme scientifique en introduisant des données totalement inconnues de l’Antiquité. Si la synchronie est incontournable, la diachronie l’est tout autant. Quand nous lisons (Astroemail) que l’on devra prendre en compte les satellites de telle ou telle planéte, du fait qu’une planéte et un satellite sont deux réalités différentes, à quelle idée de l’astrologie, cela renvoie-t-il ? , Peut-on rejeter les étoiles fixes sous prétexte que nous savons que ce sont des plans radicalement différents ?
Ces différentes postures conduisent à des représentations radicalement différentes des origines de l’astrologie et de la genèse du savoir astrologique. Nous pensons que l’astrologie est un phénomène qui a été codifié par les hommes d’une certaine époque mais quand nous disons cela, nous n’entendons pas laisser croire que l’astrologie existe sans l’homme. C’est pourquoi nous rejetons toute idée d’un cosmos qui serait structuré par lui-même (cf. J. P. Nicola) et dont les hommes auraient décrypté la structure, ce qui nous semble tout à fait utopique. Les Anciens savaient créer des systèmes (comme les langues), mais pas les décrypter. Imaginons quelqu’un qui viendrait nous dire qu’il faut abandonner le français parce qu’il ne comporte pas tel ou tel son que l’on connait de nos jours ou qui existe dans une autre langue ou qui nous soutiennent que le français n’existe que parce qu’il existe un français « transcendantal » sur un autre plan dont le français que nous pratiquons serait la réplique.
L’astrologie est le Ciel revisité par les hommes mais ceux-ci n’ont pas eu à découvrir les significations des astres mais à fixer celles-ci à leur guise, selon leurs besoins et leurs moyens.
Le ciel des anciens astrologues n’est pas celui de l’astronomie moderne. S’il est bien de dénoncer un usage abusif des planètes par l’astrologie moderne, en termes d’aspects, au nom de la vraisemblance astronomique, ce n’est quand même pas une raison pour éliminer les étoiles fixes. Car celle, dans le ciel visible des Anciens, la Lune (puis dans un second temps les planètes jusqu’à Saturne) et les étoiles fixes étaient aussi complémentaires que les chiffres et les aiguilles dans une horloge. Ce ciel est resté fondamentalement le même jusqu’à la lunette de Galilée.
Il est temps que les astrologues admettent que les hommes ne sont sensibles à des facteurs que s’ils en ont pris connaissance, qu’ils les ont intégrés et structurés, retraités. Que l’on cesse donc et d’étudier ce qu’a pu donner Pluton, découvert en 1930, avant cette date et que l’on cesse tout simplement de s’intéresser à Pluton en astrologie car il faut réunir diverses conditions pour qu’un astre interagisse avec le psychisme humain, à commencer par la très longue durée et aussi la visibilité de sa présence. Or, si l’on admet que notre rapport au cosmos est constant et ne se réduit pas au moment de naissance, il est inconcevable qu’un astre invisible à l’œil nu puisse jamais être adopté astrologiquement, si ce n’est par des astrologues qui ont basculé dans le symbolisme et la mythologie, ce qui en vérité, est la réglé, encouragés en cela par les astronomes eux –mêmes également friands de mythologies et ce depuis que la planéte Herschell a été rebaptisée Uranus, tout en gardant d’ailleurs le glyphe H, initiale de son inventeur hanovrien.

JHB
22/06.13

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