ACTUALITE MEDICALE
Où le déficit en vitamine D double le risque de diabète de type 2 chez les septuagénaires
Publié le 10/01/2012
Un nombre croissant de travaux mettent l’accent sur la grande fréquence du déficit en vitamine D (DVD) et associent à ce déficit bien des effets délétères, non seulement sur l’os mais aussi sur le fonctionnement immunitaire, cardiovasculaire, et métabolique. Ainsi est suggéré un accroissement du risque de diabète de type 2 (DT2). Des auteurs danois et américain ont cherché à en savoir plus sur la relation, peu explorée jusque-là, entre déficit vitaminique D et risque de DT2 en population potentiellement vulnérable, celle des sujets âgés vivant sous des latitudes nordiques.
C’est auprès de 668 habitants des îles Féroé âgés de 70 à 74 ans que C Dalgärd et coll. ont mené cette étude, transversale, inscrite dans un vaste projet visant à évaluer, en communauté de pêcheurs, les effets sanitaires indésirables possibles d’une exposition au méthylmercure et aux polychlorobiphényles (PCB), via la consommation en abondance de produits de la mer et de graisse de baleine pilote. Des dosages de 25-hydroxyvitamine D3 [25(OH)D3] ont été effectués. L’identification du diabète s’est appuyée sur l’existence auto-rapportée d’un diabète diagnostiqué par un médecin et/ou l’utilisation de médicaments hypoglycémiants et, chez les sujets n’ayant pas déclaré un diabète connu, sur la découverte d’une glycémie à jeun supérieure ou égale à 7 mmol/l et/ou d’un taux d’hémoglobine glyquée (HbA1c) atteignant ou dépassant 6,5 %.
Dans cette cohorte d’étude, comptant 327 femmes et 341 hommes, âgés de 72,7 ans en moyenne, dont 37 % étaient obèses, 158 septuagénaires (24 %) avaient un diabète type 2, diagnostiqué auparavant pour 13 % d’entre eux, identifié pour la première fois dans la présente étude chez 11 %. La médiane de concentration sérique de vitamine D3 était de 47,6 nmol/l (29,8-64,8 nmol/l) et plus de la moitié de la cohorte avait un déficit en vitamine D3 [taux de 25(OH)D3 inférieur à 50 nmol/l].
Après ajustements sur le sexe, l’analyse associe au déficit en vitamine D, en comparaison des taux de 25(OH)D égaux ou supérieurs à 50 nmol/l, un accroissement de 80 % du risque de diabète, diabète connu et diabète nouvellement identifié (odds ratio OR = 1,80 ; intervalle de confiance à 95 % IC à 95 % 1,23-2,64 ; p = 0,002). Les ajustements poussés sur l’IMC, le statut tabagique, l’exposition aux PCB, les taux de HDL-cholestérol et de triglycérides, et sur le mois où les prélèvements ont été effectués, ont peu modifié ce lien (OR =1,67 ; 1,11-2,50 ; p = 0,013).
L’analyse selon que le diabète était ou non connu, associe au déficit vitaminique D3 un risque de diabète nouvellement diagnostiqué multiplié par près de 2 (OR multi-ajusté = 1,99 ; 1,14 3,48 ; p = 0,022), la force de ce lien n’étant pas retrouvée pour le risque de diabète préexistant (1,47 ; 0,89-2,49 ; p = 0,132). Quant aux taux d’HbA1c, ils étaient plus bas lorsque les concentrations de 25(OH)D3 étaient plus élevées, mais l’association perdait sa significativité statistique après exclusion de l’analyse des sujets dont le diabète avait été antérieurement diagnostiqué. La fréquence des apports alimentaires en poisson, plus de deux fois par semaine, n’a modifié ni les associations au diabète de type 2 ni celles au taux d’HbA1c.
Cette étude étend aux septuagénaires le lien suggéré en populations plus jeunes entre vitamine D et risque de diabète de type 2, en mettant en évidence, entre 70 et 74 ans, une relation inverse entre concentrations sériques de 25(OH)D3 et risque de se voir découvrir un DT2. De type transversal, elle ne permet cependant pas de conclure plus avant et appelle des études interventionnelles, à doses appropriées, et en mettant l’accent sur les besoins alimentaires nécessaires aux sujets âgés.
Dr Claudine Goldgewicht
Dalgärd C et coll. : Vitamin D status in relation to glucose metabolism and type 2 diabetes in septuagenarians. Diabetes Care 2011 ; 34 1284-8.
Où le déficit en vitamine D double le risque de diabète de type 2 chez les septuagénaires
Publié le 10/01/2012
Un nombre croissant de travaux mettent l’accent sur la grande fréquence du déficit en vitamine D (DVD) et associent à ce déficit bien des effets délétères, non seulement sur l’os mais aussi sur le fonctionnement immunitaire, cardiovasculaire, et métabolique. Ainsi est suggéré un accroissement du risque de diabète de type 2 (DT2). Des auteurs danois et américain ont cherché à en savoir plus sur la relation, peu explorée jusque-là, entre déficit vitaminique D et risque de DT2 en population potentiellement vulnérable, celle des sujets âgés vivant sous des latitudes nordiques.
C’est auprès de 668 habitants des îles Féroé âgés de 70 à 74 ans que C Dalgärd et coll. ont mené cette étude, transversale, inscrite dans un vaste projet visant à évaluer, en communauté de pêcheurs, les effets sanitaires indésirables possibles d’une exposition au méthylmercure et aux polychlorobiphényles (PCB), via la consommation en abondance de produits de la mer et de graisse de baleine pilote. Des dosages de 25-hydroxyvitamine D3 [25(OH)D3] ont été effectués. L’identification du diabète s’est appuyée sur l’existence auto-rapportée d’un diabète diagnostiqué par un médecin et/ou l’utilisation de médicaments hypoglycémiants et, chez les sujets n’ayant pas déclaré un diabète connu, sur la découverte d’une glycémie à jeun supérieure ou égale à 7 mmol/l et/ou d’un taux d’hémoglobine glyquée (HbA1c) atteignant ou dépassant 6,5 %.
Dans cette cohorte d’étude, comptant 327 femmes et 341 hommes, âgés de 72,7 ans en moyenne, dont 37 % étaient obèses, 158 septuagénaires (24 %) avaient un diabète type 2, diagnostiqué auparavant pour 13 % d’entre eux, identifié pour la première fois dans la présente étude chez 11 %. La médiane de concentration sérique de vitamine D3 était de 47,6 nmol/l (29,8-64,8 nmol/l) et plus de la moitié de la cohorte avait un déficit en vitamine D3 [taux de 25(OH)D3 inférieur à 50 nmol/l].
Après ajustements sur le sexe, l’analyse associe au déficit en vitamine D, en comparaison des taux de 25(OH)D égaux ou supérieurs à 50 nmol/l, un accroissement de 80 % du risque de diabète, diabète connu et diabète nouvellement identifié (odds ratio OR = 1,80 ; intervalle de confiance à 95 % IC à 95 % 1,23-2,64 ; p = 0,002). Les ajustements poussés sur l’IMC, le statut tabagique, l’exposition aux PCB, les taux de HDL-cholestérol et de triglycérides, et sur le mois où les prélèvements ont été effectués, ont peu modifié ce lien (OR =1,67 ; 1,11-2,50 ; p = 0,013).
L’analyse selon que le diabète était ou non connu, associe au déficit vitaminique D3 un risque de diabète nouvellement diagnostiqué multiplié par près de 2 (OR multi-ajusté = 1,99 ; 1,14 3,48 ; p = 0,022), la force de ce lien n’étant pas retrouvée pour le risque de diabète préexistant (1,47 ; 0,89-2,49 ; p = 0,132). Quant aux taux d’HbA1c, ils étaient plus bas lorsque les concentrations de 25(OH)D3 étaient plus élevées, mais l’association perdait sa significativité statistique après exclusion de l’analyse des sujets dont le diabète avait été antérieurement diagnostiqué. La fréquence des apports alimentaires en poisson, plus de deux fois par semaine, n’a modifié ni les associations au diabète de type 2 ni celles au taux d’HbA1c.
Cette étude étend aux septuagénaires le lien suggéré en populations plus jeunes entre vitamine D et risque de diabète de type 2, en mettant en évidence, entre 70 et 74 ans, une relation inverse entre concentrations sériques de 25(OH)D3 et risque de se voir découvrir un DT2. De type transversal, elle ne permet cependant pas de conclure plus avant et appelle des études interventionnelles, à doses appropriées, et en mettant l’accent sur les besoins alimentaires nécessaires aux sujets âgés.
Dr Claudine Goldgewicht
Dalgärd C et coll. : Vitamin D status in relation to glucose metabolism and type 2 diabetes in septuagenarians. Diabetes Care 2011 ; 34 1284-8.