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lundi 30 décembre 2013

LES SATURNALES PAIENNES (06 - MYTHES, LEGENDES, TRADITIONS ET SYMBOLISME) par sylvietribut le 27-12-2013

LES SATURNALES PAIENNES

(06 - MYTHES, LEGENDES, TRADITIONS ET SYMBOLISME) par sylvietribut le 27-12-2013 

 

 

Comment, en cette fin d’année, ne pas être tenté d’évoquer les Saturnales, autour du solstice d’hiver… Certains disent qu’on les fêtait le 16 janvier. Cependant, on sait que les fêtes chrétiennes ont été calquées sur les païennes, mais est-ce aussi de ce « paein » qui signifie « faire paître » que viennent le dieu Pan et les païens, reliant une fois de plus la vie agreste, la vitalité violente, l’appétit vorace, l’avidité sensuelle et ces dieux de la nature qu’étaient à l’origine Ops-Saturne, dieux des semailles et des semences ?
En fait, les Saturnales ressemblaient à s’y méprendre à nos fêtes de Noël. Saturne-Cronos ressemble comme un frère au Père Noël, avec sa barbe, son allure de vieillard et son capuchon sur la tête. Pendant les Saturnales on échangeait des cadeaux, on allumait des bougies. Il ne manquait que le sapin. Pendant ces fêtes les maîtres servaient leurs esclaves et les esclaves commandaient à leurs maîtres, partageaient la même table. Personne n’aurait osé déclarer la guerre pendant cette période et cette règle survit encore à travers nos trêves de Noël. 
les-saturnales
Les Saturnales romaines
Nous avons si peur de la mort aujourd’hui, que nous avons perdu le sens de la « bonne mort », de la « mort heureuse » dont on vient d’en avoir un aperçu avec la mort de Nelson Mandela. La mort fêtée, la mort-danse et musique, liée au deuil et en facilitant peut-être le travail du deuil.
Les Chrétiens ont sans doute beaucoup exagéré l’aspect licencieux des Saturnales. Il a fallu détrôner, gommer ces mythes païens, les noircir à plaisir, les diaboliser en quelque sorte, tout en se les appropriant. Dans les Saturnales, il y a liberté et transgression. Toutes choses propres à choquer les Chrétiens. Liberté dans cette inversion des rôles entre maîtres et esclaves. On dépassait une condition sociale figée. On en retrouvera une trace dans la presse, plus tard, le jour de la Saint-Jean Porte Latine où les journalistes prenaient la place des typographes et fabriquaient un journal tandis que les « typos » le rédigeaient.
Pendant les Saturnales, les esclaves goûtaient au pouvoir et les maîtres faisaient l’expérience de la servitude. Peut-être les maîtres, après avoir connu cette condition inhabituelle, traitaient-ils mieux leurs esclaves.
L'AVENTINO - ROME - JARDIN DES ORANGES
Vue sur Saint-Pierre de Rome depuis l’Aventin
Pour clôturer les festivités, les Romains se portaient en masse vers le mont Aventin. On enlevait à la statue de Saturne les chaînes portées par lui depuis que Jupiter avait voulu contenir l’appétit dévorant de son père, en le soumettant au rythme régulier des astres et des jours.
L’Aventin est l’une des sept collines de Rome, la plus méridionale de toutes, située entre le Tibre, le Mont Caelius et le Mont Palatin. La colline doit son nom à « Aventinus », fils d’Hercule et de la prêtresse Rhéa, qui combattit à Tumus. Cette colline fut réunie à la ville de Rome durant la seconde moitié du VIIe siècle avant Jésus-Christ, par Ancus Marcius. Très tôt sous la République romaine, les temples de la Liberté et de Diane y furent construits. En 38 avant Jésus-Christ, la première bibliothèque de Rome, dite bibliothèque d’Asinius Pollion, y fut construite par Gaius Asinius Pollio, qui assurait la réfection du parvis du temple de la Liberté.
 JANUS - MUSEE DU VATICAN
Janus au double visage – Musée du Vatican
Les Saturnales auraient été créées par Janus, le dieu à deux visages, qui avait recueilli Saturne chassé par son fils Jupiter. Si Janus voulut créer les Saturnales, c’était pour commémorer le règne de Saturne qui fut l’âge d’or. Ces fêtes dont l’institution remontait dans le passé bien au-delà de la fondation de Rome, consistaient principalement à représenter l’égalité qui régnait primitivement parmi les hommes. Elles auraient commencé le 16 décembre de chaque année. D’abord, elles ne durèrent qu’un seul jour, mais l’empereur Auguste ordonna qu’elles devaient être célébrées pendant trois jours auxquels plus tard Caligula en ajouta un quatrième. Outre les festivités, on suspendait la puissance des maîtres sur leurs esclaves et ceux-ci avaient le droit de parler et d’agir en toute liberté. Tout ne respirait alors que le plaisir et la joie : les tribunaux et les écoles étaient en vacances. Il n’était permis ni d’entreprendre aucune guerre, ni d’exécuter un criminel, ni d’exercer d’autre art que celui de la cuisine ; on s’envoyait des présents et l’on se donnait de somptueux repas. De plus, tous les habitants de la ville cessaient leurs travaux. La population se portait en masse vers le Mont Aventin pour y pendre l’air de la campagne. Les rues retentissaient des cris des Romains qui s’interpelaient par de « Bonnes Saturnales ». Le jour de Saturne est celui qu’on appelle depuis « samedi », c’est-à-dire « Saturni dies ».
L'UNIVERS ET LA TERRE EN SON CENTRE SELON MACROBE
L’Univers et la Terre en son centre selon Macrobe
Macrobe rapporte diverses traditions romaines sur l’origine des Saturnales : plusieurs font référence au séjour de Saturne dans le Latium avant la fondation de Rome. Saturne détrôné se serait réfugié en Italie, dans le Latium, où il rassembla les hommes féroces éparpillés dans les montagnes et leur donna des lois. Son règne fut appelé « l’âge d’or », ses paisibles sujets étant gouvernés avec douceur et équité. Les Saturnales allaient contribuer à célébrer la mémoire de cet âge heureux de l’exercice du pouvoir. Macrobe était un écrivain et un philosophe latin, auteur des « Saturnales » et du « Commentaire au Songe de Scipion ». Il naquit vers 370 à Sicca en Numidie, en Afrique. Il est, avec Saint Augustin et Cassiodore, l’un des « passeurs de témoin » à la fin de l’Antiquité romaine, notamment en ce qui concerne la question de l’âme.
Pour la recherche actuelle, les Saturnales sont une fête typique du « crépuscule de l’année ». Saturne est essentiellement le dieu de la période qui précède le solstice d’hiver, comme la fête celtique de Samain, période qui voit des pratiques de banquets et de magnificence, pendant laquelle la paix régnait et la communication avec le monde des morts était établie. 
SATURNE EN DIGNITE EN CAPRICORNE
Saturne en dignité en Capricorne et en Verseau
Bibliographie

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