La vitamine D est essentielle à la minéralisation osseuse. Une supplémentation vitaminique D est prescrite très fréquemment chez les sujets âgés et /ou ostéoporotiques. Cependant, si un peu de vitamine D est indispensable pour le maintien d’un os en bonne santé, de fortes doses ne seraient-elles pas préférables ? Une étude danoise présentée au cours de ce congrès apporte des éléments de réponse.
Cette étude avait pour objectifs de déterminer chez des sujets ayant consulté en médecine générale, la prévalence de la carence en vitamine D et de l'hyperparathyroïdie secondaire, mais également d’analyser l'association entre mortalité, taux de 25-hydroxyvitamine D [25 (OH) D], de calcium et de parathormone (PTH). Les taux de vitamine D ont été analysés chez 247 546 sujets, ceux de PTH chez 34 990 et de calcium sérique chez 111 524.
Dan ce groupe de population, dont l'âge moyen était de 50,8 ans pour les femmes et de 51,4 ans pour les hommes, la prévalence de la carence en vitamine D, définie par les taux sériques de 25 (OH) D < 50 nmol/l, était de 53,3 %. Un patient sur 5 (20,5 %) avait un taux de 25 (OH) D < 25 nmol/l, et 5,4 %, un taux < 12,5 nmol/l. Par ailleurs, 11,08 % des sujets souffraient d'hyperparathyroïdie secondaire (n = 29 939).
L’analyse de la mortalité en fonction du taux sérique de 25 (OH) D, de calcium et de PTH retrouve une association en forme de U pour les trois paramètres. Le plus bas taux de mortalité était observé chez les sujets ayant un taux sérique de 25 (OH) D de 60 à 70 nmol/l.
Comparativement aux sujets ayant un taux de 25 (OH) D de 60 nmol/l, la mortalité globale de ceux ayant des taux de 25 (OH) D ≤ 10 nm/l ou ≥ 140 nm/l était significativement augmentée (odds ratio [OR] = 1,78 et OR = 1,86 respectivement). Les OR correspondants pour les sujets de plus de 60 ans (n = 91 195) étaient de 2,82 et 2,22. De même, la mortalité globale des patients ayant un calcium sérique ≤ 2 mmol/l ou ≥ 2,7 mmol/l était plus élevée que la mortalité de ceux ayant un calcium sérique de 2,4 mmol/ (OR = 18,75 et 4,63 respectivement). Les résultats vont dans le même sens pour la PTH avec une augmentation de la mortalité globale pour des taux de PTH sérique ≤ 1 pmol/l et ≥ 14 pmol/l, comparativement à des taux de 4 pmol/l (OR = 2,62 et OR = 7,32 respectivement).
Au total, la carence en vitamine D dans la population générale est non seulement répandue (53,3 %), mais également« évoluée » puisque 11,2 % des sujets déficients en vitamine D souffrent également d'hyperparathyroïdie secondaire. De plus, des taux sériques de 25 (OH) D, de calcium et PTH très bas ou très hauts sont associés à une mortalité accrue. A noter qu’il ne s’agit pas de la première étude mettant en évidence cette relation en U et jetant quelques doutes sur l'intérêt de fortes doses de vitamine D pour obtenir une haute concentration sérique (que ce soit par des suppléments ou par augmentation de l’exposition aux rayonnements UVB solaires). Ainsi, comme le préconisent les auteurs, il est nécessaire et indispensable de poursuivre les investigations pour élucider les relations causales entre taux sériques de 25 (OH) D, mortalité et morbidité, mais il faut aussi tenir compte de cette association en U pour faire des recommandations adaptées.
Dr Juliette Lasoudris Laloux
Durup D et coll. : U-Shaped association of mortality with serum levels of vitamin D, calcium and parathyroid hormone in primary health care patients. American Society for Bone and Mineral Research (ASBMR) Annual Meeting (San Diego, Californie) : 16-20 septembre 2011.
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